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L’érythème polymorphe médicamenteux existe-t-il ? Étude nationale de pharmacovigilance - 20/11/21

Doi : 10.1016/j.fander.2021.09.044 
Sarah Demouche 1, , Thomas Bettuzzi 1, Emilie Sbidian 1, Saskia Oro 2, Bénédicte Lebrun-Vignes 3
1 Dermatologie, Henri-Mondor, Créteil 
2 Dermatologie, Henri-Mondor 
3 Centre régional de pharmacovigilance, Pitié-Salpétrière, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Depuis l’étude SCAR de 2002, l’érythème polymorphe (EP) est distingué au plan clinique (cocardes) et physiopathologique (contexte post-infectieux) du syndrome de Stevens–Johnson (SJS, origine médicamenteuse). Il subsiste néanmoins une confusion entre les deux entités, comme en témoignent les EP rapportés (n=1893 depuis 1985) dans la base nationale de pharmacovigilance (BNPV), soulevant la question de la réalité des EP médicamenteux.

Nos objectifs étaient de décrire les EP de la BNPV et de comparer la qualité et les caractéristiques des rapports sur 2 périodes.

Matériel et méthodes

Cette étude rétrospective a sélectionné tous les cas déclarés d’EP de la BNPV (« Preferred Term »=« EP ») sur 2 périodes: période 1 (2008–2009), peu après l’étude SCAR, et période 2 (2018–2019), plus récente. Les critères d’inclusion étaient :

– un diagnostic d’EP typique cliniquement ou validé par un dermatologue ;

– une date déclarée de début de la réaction ;

– une chronologie précise des médicaments.

Les cas inclus étaient classés en 2 groupes: EP confirmés (cocardes typiques acrales ou mention dans le rapport d’une validation par un dermatologue) et EP douteux (cocardes sans précision sémiologique ou topographique, atteinte muqueuse isolée, doute avec SJS). Nous avons décrit les caractéristiques des rapports. Nous avons conclu à un EP possiblement médicamenteux quand l’EP était confirmé, avec délai d’apparition allant de 5 à 28 jours et sans cause non médicamenteuse retrouvée.

Résultats

Parmi 182 rapports sélectionnés (période 1 n=97, période 2 n=85), 42 (23%) étaient exclus pour données manquantes. Cent quarante (77 %) rapports étaient analysés (période 1 n=74, période 2 n=66). Parmi eux, 67 (48 %) étaient plus probablement un autre diagnostic qu’un EP, dont 35 (25 %) décrits comme des éruptions « polymorphes ». Parmi les 73 EP finalement retenus (période 1 n=41, période 2 n=32), 36 (49 %) avaient une probable cause non médicamenteuse et 28 (38 %) rapportaient uniquement des médicaments avec un délai d’apparition4 jours et/ou29 jours. Au total, le diagnostic d’EP possiblement médicamenteux était retenu dans 9 cas (6 % des rapports sélectionnés évaluables). Parmi eux, 3 étaient toutefois peu évocateurs cliniquement, mais confirmés par un dermatologue. En dehors du tétrazépam, aucun médicament n’avait de notoriété à haut risque.

Sur la 2e période, le bilan étiologique était plus complet qu’en période 1 (47 % vs 32 %, p=0,04) et le délai d’apparition de 5 à 28 jours plus fréquent (59 % vs 40 %, p=0,04).

Discussion

Malgré ses limites (imprécisions des données, absence de photographies, délai de 5–28 jours choisi arbitrairement par analogie avec le SJS), cette étude confirme que les EP possiblement médicamenteux sont rares. Beaucoup de rapports concernent des éruptions « polymorphes » conclues EP à tort, ou des EP post-infectieux avec imputabilité erronée de médicaments soumise au biais protopathique.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Érythème polymorphe, Pharmacovigilance, Toxidermies


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Vol 1 - N° 8S1

P. A158 - décembre 2021 Retour au numéro
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